Le Hasard Sauvage

Nassim Nicholas Taleb

Notes de lecture

Avertissement : Il est possible que j'ai mal compris les propos de l'auteur. Mes notes concernent la version française de ce livre, acheté ici en 2022.

Préface et prologue

Les journalistes en savent beaucoup moins qu’ils ne le pensent sur le sujet qu’ils traitent.

Il faut cultiver son insécurité intellectuelle, c’est-à-dire ne jamais penser avoir définitivement raison.

Montaigne vaut mieux que Descartes.

Les économistes et professeurs de finance possèdent un savoir inutile.

Les probabilités c’est accepter son incertitude et composer avec son ignorance.

Les “sciences” sociales (économie, sociologie) ne savent pas gérer les probabilités.

Cygne Noir : événement aléatoire, inattendu, aux conséquences majeures.

L’effort participe au succès mais la chance joue un grand rôle. De même, ce ne sont pas forcément les plus besogneux qui réussissent.

Acharnement, persévérance, goût du risque ne protègent pas de l’échec.

Utiliser des statistiques sans avoir recours à la logique est catastrophique.

On peut faire de la logique sans statistiques.

Le journalisme indépendant est différent du journalisme de masse.

On n’écrit pas des livres pour les éditeurs mais pour le public.

Ce livre traite de la chance déguisée, du nigaud chanceux.

La prospérité économique n’est pas liée aux fluctuations des taux d’intérêts de la Banque Centrale.

Les professeurs de littérature et les critiques sont payés pour surinterpréter.

Nous sous-estimons la part du hasard partout et les spécialistes se font le plus duper.

Ceux qui prennent des risques sont victimes de leur optimisme.

99,9% de la réussite d’un PDG ou d’un investisseur est le fruit du hasard.

Nous sommes inaptes à la pensée critique. Les conjectures ne sont pas des vérités.

Ce livre défend les sciences et remet dans le droit chemin les scientifiques qui s’en écartent.

Les utopistes pensent qu’on peut contrôler sa nature pour atteindre le bonheur et la rationalité.

De l’autre côté existent ceux qui reconnaissent les limites et défauts de l’être humain quant à sa manière de penser et militent pour prendre ces faits en compte avant d’agir.

Nous, humains, avons des défauts énormes et ce n’est pas la peine d’essayer de les corriger.

Ce sont nos émotions, pas notre appareil cognitif, qui déterminent nos actes.

La simplification crée d’importantes distorsions.

Avant l’avènement de la rationalité via le siècle des Lumières, la culture véhiculait des ruses pour accepter notre faillibilité et notre manque de chance.

Le hasard concerne ce qui n’est pas encore arrivé.

Première partie : l’avertissement de Solon

Le futur incertain viendra, avec toutes ses formes possibles.

Ce que la chance donne, elle peut le reprendre et souvent sans prévenir.

Ce qui dépend peu de la chance résiste mieux au hasard.

Peu importe la fréquence des succès si le prix à payer pour l’échec est trop lourd.

Chapitre 1 : Si vous êtes si riche, pourquoi n’êtes vous pas plus intelligent ?

Être un trader sage c’est : travailler modérément, prendre très peu de risques pour ne jamais tout perdre, réflexion approfondie, lire beaucoup, être discipliné, se protéger des évènements rares.

Le succès raisonnable est dû au travail et à l’habileté.

Le succès incroyable résulte de la chance.

Ne pas imiter les stratégies des traders à la réussite insolente. Ils sont trop exposés aux risques : ils finissent ruinés tôt ou tard, car ils ne comprennent pas la structure aléatoire des cycles du marché.

Les nigaud chanceux ne soupçonnent pas le moins du monde qu’ils sont des nigauds chanceux.

Les bonnes performances augmentent la confiance en soi, la sérénité, la crédibilité, jusqu’à l’arrivée d’un imprévu qui rappelle à tout le monde que vos succès n’étaient dûs qu’à la chance.

On élit une personne pour son charisme, pas pour ses talents.

Les traders peuvent dire quel trader gagne ou perd de l’argent via son comportement.

Être dentiste est beaucoup plus viable financièrement que musicien, entrepreneur, collectionneur d’art ou parieur.

Chapitre 2 : une curieuse façon de compter

Toutes les grandes idées concernant le hasard vont à l’encontre du soi-disant “bon sens”.

On juge correctement un acte en mesurant le coût de la solution alternative.

Une somme gagnée à un jeu de hasard ne satisfait pas autant que la même somme acquise suite à des années d’efforts.

La certitude envisage un événement susceptible de se produire au cours du plus grand nombre d’histoires alternatives possibles. L’incertitude concerne des événements qui se produisent plus rarement.

Certains joueurs, investisseurs et décideurs croient que ce qui arrive aux autres ne va pas forcément leur arriver à eux. C’est le “mépris de l’histoire”.

Voir les richesses générées sans analyser le processus fait perdre de vue le danger aux observateurs qui ne prennent pas en compte les perdants.

Le mathématicien est absorbé par ce qui se passe dans sa tête alors que le scientifique étudie ce qui se passe en dehors de lui-même.

En trading, il faut constamment s’intéresser au générateur de profits et ne pas se soucier des résultats.

Traquer les risques invisibles, étudier le hasard, respecter la science. 

Les héros sont des héros parce qu’ils se comportent comme tels et non parce qu’ils gagnent ou perdent des batailles.

Hitler et Hannibal ont échoué. Jules César et Alexandre le Grand ont réussi. Cela ne dit rien quant à la qualité de leurs stratégies. Le hasard a décidé de leur sort.

Les médias flattent nos préjugés et notre soi-disant “bon sens”, qui sont lourdement biaisés.

Dans le monde moderne la chance est complexe.

Réussite ou échec, peu importe, l’histoire alternative doit être prise en compte.

Nous ne sommes pas faits pour comprendre les probabilités.

Certaines idées sont trop complexes pour être présentées de manière simpliste par les médias de masse. Simplifier les choses est fatal en probabilités. 

Les gens n’aiment pas s’assurer contre quelque chose qui leur paraît abstrait.

Les gens se servent peu de la pensée rationnelle pour éviter les risques. Face aux risques et aux probabilités, le cerveau humain se raccroche à des événement superficiels, largement déclenchés par les émotions. C’est la théorie du “risque en tant que sentiment”.

Les journalistes communiquent une représentation irréaliste du monde en captant notre attention via nos émotions. Ainsi, notre carte mentale est biaisée vers le sensationnel (les attentats, très rares) et pas le rationnel (le cancer, très commun). Les journalistes sont l’un des plus grands fléaux d’aujourd’hui : le monde devient de plus en plus complexe et nos esprits sont entraînés vers une simplification accrue.

La sagesse populaire et ses adages peut être pernicieuse. 

Einstein : “Le bon sens n’est rien d’autre qu’une série d’idées fausses acquises avant dix-huit ans.

En observant les risques, les réduisez-vous réellement ou vous donnez-vous l’impression de faire votre devoir ? L’illusion de la maîtrise est-elle dangereuse ?

Chapitre 3 : méditation mathématique sur l’histoire

La simulation Monte Carlo permet de créer des histoires virtuelles pour observer la dispersion des résultats. C’est l’examen d’une séquence de scénarios pratiquée sur la durée. La simulation Monte-Carlo permet d'introduire une approche statistique du risque dans une décision financière.

La stochastique est une branche des statistiques qui étudie l’évolution d’événements aléatoires successifs.

L’ordinateur n’est pas un outil naturel faisant partie du cerveau humain. Les mathématiques non plus.

On naît mathématicien, physicien, on ne le devient pas.

Les deux plus grands esprits scientifiques pour Nassim Taleb sont Einstein et Keynes pour ses travaux sur les probabilités.

Le savoir en matière de probabilités ne se traduit pas dans le comportement des gens.

Être trader en options quantitatives laisse 95% de temps libre pour réfléchir, lire et faire des recherches.

Les permabulls et les permabears ne survivent pas dans le temps. Les traders en options quantitatives survivent mieux, car ils ne risquent pas de tout perdre lors d’un krach boursier.

Étudier l’histoire permet de voler les idées des autres pour les remodeler, de corriger nos déficiences mentales et de tirer des leçons du passé.

La simulation Monte Carlo permet de tirer des leçons de l’avenir.

Il n’est pas dans notre nature d’apprendre de l’histoire. Les enfants et les adultes apprennent de leurs erreurs personnelles. C’est une des leçons de l’analyse de l’économie comportementale, discipline inventée par Daniel Kahneman et Amos Tversky.

Nous faisons preuve d’un déni congénital de l’expérience d’autrui : les enfants, les adultes, les investisseurs, tout le monde.

Nous ne sommes pas programmés pour apprendre par le biais des livres.

On n’apprend pas de l’expérience des autres via les livres d’histoire.

Par certains côtés, notre histoire personnelle ne nous apprend rien.

Tout trader qui dénit l’histoire finit ruiné, car il néglige ce qu’il pensait impossible. Sa prise de risque n’est donc pas du courage mais de l’ignorance.

“Cette fois c’est différent” est une affirmation stupide.

Nous sommes victimes du biais de rétrospection quand on analyse le passé : une erreur ne se détermine pas après les faits, mais à la lumière des informations dont on disposait au moment des faits.

Ceux qui prédisent le passé pensent pouvoir prédire l’avenir.

Les choses importantes ne sont pas prévisibles. Exemple : les attentats du 11 septembre 2001 et l’écroulement du World Trade Center.

Nassim Taleb est obsédé par la mise en garde de Solon.

Contrairement à beaucoup de sciences “fondamentales”, l’histoire ne se prête pas aux expériences.

L’ergodicité est une façon de vérifier les théories statistiques.

Les mauvais choix finissent toujours par vous rattraper entend-on souvent à la bourse.

Plus une idée est ancienne, plus elle est belle.

La pensée filtrée vaut mieux que les nouvelles idées.

Dans le doute, toujours rejeter la nouveauté.

Toutes les inventions ne sont pas bonnes et ne révolutionnent pas notre vie de manière positive.

Les informations sont toxiques.

Qui travaille dans un domaine où règne l’incertitude doit fuir les médias.

Les médias sont payés pour capter notre attention.

On peut tirer profit en trading des décisions stupides prises par la majorité des gens qui croient les informations.

Les journaux ne prédisent pas ce qui va se produire et n’informent pas sur l’état réel du monde.

Les gens pensent que la prochaine fournée d’informations leur permettra enfin de comprendre les choses.

Les prix ne reflètent pas de manière rationnelle la valeur à long terme des actions quand ils s’emballent à la hausse ou à la baisse.

La masse d’information actuelle noie l’information filtrée et sature les marchés.

Les traders dépendent des journalistes pour les informations qui leurs sont nécessaires.

Mieux vaut se fier aux traders âgés, car ils sont exposés depuis longtemps aux événements rares et font preuve d’une plus grande résistance.

La biologie de l’évolution a démontré que les femmes préfèrent les hommes âgés aux hommes jeunes de santé et de qualité égales.

Il existe une différence entre bruit et information. Les propriétés de l’échantillonage en statistiques sont mal comprises, même par les professionnels.

Une observation est au mieux une combinaison de variance ET de résultats.

Nos émotions ne sont pas faîtes pour comprendre cet enjeu.

C’est pourquoi il faut limiter notre accès à l’information : “Si un événement rare se produit, je finirais bien par en entendre parler.”

Les médias de masse sont pleins de bruit.

Observer le hasard de trop près épuise émotionnellement. Il ne faut pas vérifier ses pertes et profits toutes les cinq minutes, car l’effet d’une perte n’est pas contrebalancé par un succès. Il y a un déficit émotionnel.

Le stress chronique entraîne des pertes de mémoire, des dommages cérébraux et diminue la plasticité du cerveau.

L’exposition aux événements aléatoires qu’on ne contrôle pas à des impacts psychologiques.

La richesse compte moins que la façon dont on y est parvenu.

Il faut se tenir éloigné du bruit (le cours de la bourse en temps réel, les médias) pour pouvoir réfléchir et méditer l’esprit tranquille.

Chapitre 4 : Hasard, inepties et intellectuels scientifiques

Conseil de lecture hilarante : Impostures Intellectuelles (Sokal et Bricmont).

La science c’est la méthode ET la rigueur.

Elle peut s’écrire dans la prose la plus élémentaire.

Les littéraires sont incapables de comprendre les publications scientifiques alors que les scientifiques comprennent la littérature.

La rhétorique peut être le fruit du hasard, pas la véritable connaissance scientifique.

Hegel est le père de tous les pseudo-intellectuels, qui ne connaissent pas la théorie des échantillons statistiques.

Nassim Taleb aime être dupé par le hasard dans l’art et la poésie. Il se définit comme un hyper-réaliste qui débusque le hasard et s’abandonne aux superstitions personnelles dans le domaine de l’esthétique.

En poésie, la langue a le pouvoir de procurer le plaisir et le réconfort.

Les religions sémites avaient compris qu’il fallait laisser la langue sacrée en dehors du rationalisme.

En abandonnant le Latin, l’Eglise Catholique a dépouillé la religion de son esthétique pour la soumettre aux standards scientifiques et intellectuels.

Nous n’avons pas besoin d’avoir l’esprit scientifique et rationnel pour faire face aux dangers du quotidien, c’est uniquement face aux dangers qui menacent notre survie.

Il faut être irrationnel devant l’art et la religion, pas dans la gestion des affaires financières.

Pour le Cercle de Vienne, les bavardages philosophiques n’ont pas de valeur scientifique et sont esthétiquement inférieurs à la musique.

Il faut se laisser duper par le hasard dans sa forme la plus belle et la plus inoffensive.

Chapitre 5 : Les moins adaptés survivent. L’évolution peut-elle se laisser duper par le hasard ?

Selon Nassim Taleb, les vrais traders sont des réalistes.

L’argument que d’autres traders sont aussi dans une mauvaise passe se retourne contre son auteur. Etant donné sa structure mentale, le bon trader devrait faire exactement ce que les autres ne font pas.

Marty O’Connel décrit “l’effet caserne” : les gens qui passent beaucoup de temps ensemble finiront pas être d’accord sur beaucoup de choses, ce qu’une personne extérieure impartiale jugerait ridicule.

Les économistes sont recrutés parce qu’ils ont l’air intelligents, pas parce qu’on mesure scientifiquement leur degré de connaissance de la réalité.

Souvent, les traders qui a un moment ont été les plus riches sont les pires. C’est le problème “intersectionnel” : à un instant T, les traders qui réussissent le mieux sont les plus adaptés au dernier cycle. Mais leur réussite ne dure pas.

Les dentistes et les pianistes résistent mieux au hasard.

Les bons traders sont habitués à perdre de l’argent.

En trading, “sauter” signifie perdre bien plus qu’on escomptait.

Être au bon endroit au bon moment ne fait pas de vous un bon trader.

Qui se fait duper par le hasard est un très mauvais trader et devrait changer de métier.


Quelques constantes chez les traders dupés par le hasard : 

Rien n’est moins rigoureux que l’usage des analyses économiques pour choisir des transactions financières à effectuer.

Peu importe qui on est, il n’est pas bon d’être loyal à ses idées.

Quand on perd de l’argent sur une valeur boursière, il ne faut pas passer du statut de trader à celui d’investisseur à long terme.

Le prix devient une valeur “abstraite”.


Biais du survivant : les mauvais traders peuvent gagner de l’argent totalement par hasard. Ne pas croire qu’ils sont doués.

Les mauvais traders possèdent un avantage à court et moyen termes sur les bons traders.

La reproduction des êtres vivants ne suit pas un chemin linéaire menant à la perfection.

C’est pareil pour la compétition entre entreprises, organismes et traders.

Les entreprises ne se reproduisent pas comme les êtres vivants.

Les idées de Darwin portent sur la capacité à se reproduire, pas à survivre.

Les mutations négatives sont des traits qui ne persistent pas plus de quelques générations. C’est l’agrégation temporelle : l’effet du hasard dans le système.

L’adaptation Darwinienne s’applique aux espèces observées sur une très longue période et non à court terme. Un animal n’est pas forcément adapté du mieux possible aux conditions de vie de son époque. Avec le temps les choses s’équilibrent : le bruit disparaît.

À cause des événements rares, le monde ne progresse pas de manière continue vers l’amélioration.

Dans la vie, rien n’est continu.

En mécanique quantique on a démontré que les particules ne glissent pas d’un état à un autre, elles sautent.

Le succès temporaire modifie les taux d’hormones et la posture physique des traders et attire ainsi des partenaires qui croient y voir une carte génétique supérieure jusqu’à ce qu’un événement rare survienne et les ruinent.

Solon avait tout compris : Ce que la chance donne, elle peut le reprendre et souvent sans prévenir.

Chapitre 6: distortion et asymétrie

Médiane et moyenne ne sont PAS la même chose.

Lorsque les résultats sont asymétriques, la moyenne de survie n’a rien à voir avec la ligne médiane.

Une ligne médiane ne caractérise PAS une distribution de variables aléatoires.

Taux de probabilité et espérance mathématique ne sont PAS la même chose.

La loi normale est parfaitement symétrique.

Les termes haussier et baissier n’ont aucune application en bourse, domaine soumis au hasard présentant des résultats asymétriques. Ces termes sont utilisés par ceux qui ne comprennent rien au risque.

Commercial : personne apte à charmer le client.

Nassim Taleb ne donne de conseils boursiers à personne.

Il effectue des “paris asymétriques” sur les événements rares : ils arrivent rarement mais paient bien.

Plus l’événement est rare, plus on le sous-estime.

Le secteur financier a tendance à éliminer les événements non-fréquents des analyses sans s’apercevoir qu’ils peuvent sonner le glas d’une société.

Un événement rare qui a de lourdes conséquences ne peut être passé sous silence.

Déterministe : dépourvu de hasard.

L’analyse des données du passé est parfois pertinente, parfois trompeuse.

C’est pourquoi les données du marché peuvent être un piège.

L’histoire nous enseigne que ce qui ne s’est jamais produit finit par arriver.

L’histoire nous prévient contre l’empirisme naïf qui consiste à apprendre des faits superficiels.

Il ne faut pas se baser sur l’histoire récente, mais sur l’histoire dans sa globalité.

Il faut se méfier de l’eau qui dort : les investissements qui paraissent sûrs depuis longtemps ne le seront pas forcément à l’avenir.

Les événements rares sont liés à une mauvaise compréhension des risques calculés à partir de séquences temporelles passées et interprétées de manière trop étroite.

Les événements rares sont toujours inattendus.

L’événement rare ne touche pas seulement une seule valeur, il peut avoir des répercussions sur tout un portefeuille boursier.

Pour de simples raisons émotionnelles, les investisseurs sont attirés par des stratégies où prédominent des variations rares mais importantes. En croyant y trouver la stabilité, ils finissent ruinés par les événements rares. Préférant subir peu de pertes et de nombreux gains, ils n’optimisent pas le résultat final.

A contrario, on peut perdre régulièrement de petites sommes qui seront compensées par une plus-value plus rare mais très importante.

Nous sommes programmés pour avoir une activité physique déséquilibrée : de longues périodes d’oisiveté, entrecoupées de périodes d’intense dépense d’énergie.

En statistiques, plus on possède d’informations, plus on est sûr du résultat, sauf quand la distribution n’est pas simple et symétrique.

C’est le problème de l’asymétrie de la connaissance, le cœur de ce livre.

Problème de “stationnarité” : considérer le passé comme un seul échantillon homogène et croire qu’on améliore considérablement sa connaissance de l’avenir en l’observant.

Econométrie : statistiques appliquées à des échantillons pris à différentes périodes qu’on appelle des séries temporelles.

Inutile de chercher des schémas identifiables en bourse : ils s’annulent d’eux-mêmes.

Ex : La consommation électrique augmente en hiver, mais tous les traders le savent, donc le marché a déjà intégré cette information et plus personne ne peut en tirer profit.

Chapitre 7 : le problème de l’induction

Le hasard aggrave les effets du problème de l’induction. Il est donc crucial en trading.

Problème du Cygne Noir : En aucun cas la multiplication des observations ne peut nous permettre de conclure que tous les cygnes sont blancs. Il suffit d’observer un seul Cygne Noir pour réfuter cette conclusion.

Épistémologie : rigueur dans le rassemblement et l'interprétation des connaissances.

Niederhoffer a démontré l’inutilité des informations : elles ne confèrent au lecteur aucune capacité à prédire ce qui va arriver.

L’empirisme ne peut se passer d’une certaine méthodologie.

Toute idée testable doit être testée, car notre esprit commet de nombreuses erreurs empiriques quand il repose sur des impressions vagues.

En effet, combien de choses tenues pour acquises ne le sont pas ?

L’empirisme naïf est un piège.

On peut se fonder sur des observations pour réfuter une affirmation, jamais pour la confirmer.

L’histoire permet d’infirmer une hypothèse, jamais de la confirmer.

“Le marché n’a jamais réagi ainsi auparavant” est une affirmation fatale en trading.

Si le passé récent ne ressemble pas au passé lointain, à cause des événements rares, pourquoi l’avenir devrait-il ressembler au passé récent ?

La réalité n’est pas un jeu, elle ne suit ni règles ni lois symétriques et définies.

Hors des jeux, la compétitivité n’a pas lieu d’être, car elle réduit le monde à des catégories numériques.

L’empirisme poussé à l’extrême, associé à l’esprit de compétition et à l’absence de structure logique dans les conclusions est un mélange explosif.

La compétition en trading pousse à prendre des risques démesurés pour tenter de gagner plus que les autres. C’est une attitude qui mène à la ruine.

Ce qu’on trouve tout seul reste durablement dans nos mémoires.

De ses très nombreuses lectures, Nassim Taleb dit avoir surtout retenu les idées de Karl Popper.

Les riches manifestent souvent un héroïsme épique quand ils se sont enrichis rapidement, ce qui peut très bien avoir été dû à la chance et non à l’habileté.

Georges Soros sait composer avec le hasard en gardant un esprit critique et ouvert et en changeant d’opinion sans honte. Sa puissance : il répète à l’envie qu’il est faillible. Il a mené une existence poppérienne.

L’immersion dans les livres coupe de la réalité.

Le système éducatif comporte trop de conjectures déguisées en vérités.

Pour Taleb, lire Popper est une “révélation”, une “idée maîtresse”.

Popper pense qu’il ne faut pas prendre la science trop au sérieux. Il existe deux types de théories selon lui : 

Pourquoi une théorie n’est-elle jamais juste ? Parce que nous ne saurons jamais par méthode confirmatoire si tous les cygnes sont blancs.

Une théorie ne peut pas être “vérifiée”. Elle ne peut être acceptée que de manière provisoire.

Une théorie non réfutable est fantaisiste.

Un trader qu’on ne peut pas faire changer d’avis n’est pas un trader.

La physique newtonienne est scientifique, car Einstein a pu la réfuter.

L’astrologie ne l’est pas, car on ne peut pas la réfuter.

C’est la démarcation entre sciences et inepties.

Certaines connaissances ne s’accroissent pas avec davantage d’informations.

Selon Popper, la vérification n’est pas possible, c’est même extrêmement dangereux.

Nassim Taleb est un popperiste extrême. Il spécule selon ses théories mais aucun événement rare ne doit lui nuire.

La science est pure spéculation, pure formulation d’hypothèses.

Dans une société ouverte, il n'est pas de vérité permanente, car les contre-idées existent.

Selon Hayek, le capitalisme permet aux prix de transmettre des informations, ce que le socialisme bureaucratique étoufferait.

Réfutation et société ouverte permettent à Nassim Taleb de gérer le hasard rigoureusement en trading.

Selon Popper, toute utopie est fermée, car elle étouffe ses propres réfutations.

Une société fermée à la réfutation est totalitaire.

Comme Popper, nous aimons émettre des idées logiques et rationnelles mais n’appréciont pas forcément de les mettre à exécution.

Nous sommes conçus pour transmettre nos gènes avec le plus fort taux de probabilité dans un environnement primitif, pas pour être rationnels, ni pour agir comme tels.

Notre cerveau fait de l’induction : il interprète le particulier comme le général.

Nous devons accepter l’asymétrie dans la connaissance.

Statistiques et économétrie peuvent être utiles mais pas toujours.

Si les statistiques, qui sont basées sur le passé, peuvent être utiles, il faut s’en servir. Mais si elles présentent un risque, il faut s’en passer.

Les statistiques et les méthodes inductives ne servent pas à gérer l’exposition au risque.

Toujours faire en sorte que les risques soient limités si on se trompe. C’est-à-dire limiter les Cygnes Noirs.

Nassim Taleb se tient à distance du monde des affaires, des investisseurs et des traders pour éviter de leur ressembler à force de les côtoyer.

Nassim Taleb souhaite faire revivre une époque plus déterministe, où l’information était plus rare, tout en bénéficiant des avancées technologiques, médicales et sociétales actuelles. Il veut ainsi le meilleur du passé et du présent.

Deuxième partie : Des singes et des machines à écrire. Du biais du survivant.

Plus nous détenons d’informations, plus nous risquons de nous y noyer.

Quelqu’un qui a réussi plusieurs fois d'affilée peut très bien échouer. Les données du passé peuvent nous tromper. La part de hasard dans sa profession doit être prise en compte avant de lui faire confiance.

Plus le nombre de personnes travaillant dans les affaires est important, plus augmente la probabilité que l’une d’elles réussisse de manière éclatante par simple chance.

Même ceux qui connaissent les probabilités agissent de manière stupide en raison de la pression sociale.

Biais du survivant : nous ne voyons que les vainqueurs, ce qui déforme notre vision des données de base.

La plupart du temps le succès fulgurant est dû à la chance.

Notre handicap biologique : nous sommes incapables de comprendre les probabilités.

Chapitre 8 : Trop de voisins millionnaires

Un exemple de biais du survivant : Quand on est le moins riche du quartier, on pense être un raté en réussite financière, même si on gagne mieux sa vie que la plupart des citoyens. On fait l’erreur d’omettre les gens hors de notre quartier de notre échantillon.

Il n’est pas dans notre nature de rationaliser ou d’ignorer les affronts sociaux d’idiots riches méprisants. Mieux vaut déménager là où on sera mieux accepté.

S’enrichir est un acte purement égoïste n’ayant aucune perspective sociale.

Mener une vie de luxe prend du temps : oenologie, grands restaurants, habits de haute couture. Les plus riches ne sont donc pas ceux qu’on imagine. En effet, ils sont trop occupés à amasser des capitaux pour mener une existence luxueuse, dépensière, donc chronophage.

Accumuler de l’argent sans en profiter est stupide. Warren Buffet est austère. Il aurait mieux fait de devenir moine ou travailleur social.

Le capitalisme repose sur l’avidité des êtres humains.

Ignorer les biais du survivant est une erreur grossière chez les professionnels, car nous sommes habitués à utiliser l’information immédiatement disponible en méconnaissant les données invisibles.

Le biais du survivant implique que la réalisation la plus performante sera la plus visible, car on ne voit pas les perdants.

L’industrie de la gestion des capitaux est peuplée de gourous.

Les optimistes prennent plus de risques et ceux d’entre-eux qui réussissent sont adulés tandis que les autres, ayant échoué, disparaissent des statistiques. L’optimisme peut donc annoncer le succès mais aussi l’échec.

Chapitre 9 : Il est plus facile de vendre et d’acheter que de faire cuire un oeuf

Dentiste diplômé nationalement, pianiste au Carnegie Hall : il est très improbable de tomber sur quelqu’un d’incompétent.

Ovide : “Materiam superabat opus.” : le travail contrôlait la matière. La véritable force réside dans le contrôle ou, comme le dit Nassim Taleb, la domestication de ses émotions, et non dans le fait de prétendre qu'elles n'existent pas.

Un bon gestionnaire de fonds est doté d’une humilité extrême et du sens de l’incertitude.

Les rapports de résultats et les séquences temporelles historiques sont contre-intuitifs.

Personne ne pense qu’il a bénéficié de la bonne fortune.

Les gens trouvent tout un tas de raisons pour justifier la réussite ou l’échec d’une personne, même quand ses résultats sont dûs au hasard.

Une population entièrement composée de mauvais traders produit un petit nombre de très bonnes performances, à cause de la dispersion des résultats, c’est-à-dire leur volatilité.

Dans une population de traders, la borne supérieure (le maximum) dépend davantage de la taille de l’échantillon initial que de la situation individuelle de chaque membre de l’échantillon. En d’autres termes, plus il y a de traders, plus il y en a qui réussissent, mais ce n’est pas dû à leur capacité à dégager des profits.

Le retour à la moyenne : plus on s’écarte de la norme, plus cet écart est dû à la chance et non à l’habileté. Attention, tous les écarts ne sont pas dûs à cet effet, mais celà s’applique à une large majorité.

Ergodicité : le temps élimine les écarts dûs au hasard. Donc les mauvais traders qui ont été chanceux.

Les gens croient pouvoir calculer les propriétés d’une distribution à partir de l’échantillon qu’ils observent. C’est le biais du survivant, car il leur manque des données.

Personne ne reconnaît la part du hasard dans son succès, uniquement dans son échec.

Si on ne sait pas combien de traders ont essayé et échoué, on ne peut pas mesurer l’importance des résultats d’un individu. La taille de la population des traders compte !

S’il y a peu de traders, un qui a du succès est fiable. S’il y a beaucoup de traders, ceux qui réussissent ne sont pas fiables.

Si vous ne savez pas quel trader choisir pour gérer votre portefeuille, analysez leur méthode, car elle compte bien plus que ses résultats passés.

La vie est un tissu de coïncidences.

Page 180 : la lettre mystérieuse. Histoire géniale !

La sélection adverse ou antisélection est un phénomène par lequel une offre faite sur un marché aboutit à des résultats inverses de ceux souhaités, à cause d'asymétries d'information. C'est une forme du problème principal-agent. Dans une situation principal-agent, le problème de la sélection adverse est essentiellement basé sur l'incertitude concernant le type de l'agent, contrairement à une situation d'aléa moral. Elle se manifeste par la difficulté pour le client d’appréhender :

Effet opposé du biais du survivant : des traders qui ont tout pour réussir peuvent échouer et finir ruinés à cause du hasard.

Data dredging : ne publier que les compositions d’échantillon et les périodes d’observation favorables à l’hypothèse testée.

Gavez un ordinateur de données et il trouvera des liens sans fondements entre elles.

Plus on a de données et plus on peut y trouver des constantes qui n’ont ni queue ni tête. C’est la base qui étaie les théories conspirationnistes et le Da Vinci Code.

Biais du survivant : L’éditeur d’une œuvre littéraire ou cinématographique ne publie que les critiques élogieuses pour promouvoir son œuvre. Le public confond ainsi la distribution du maximum de la variable avec la variable elle-même.

De même, se méfier des stratégies populaires en trading, car elles ont pu surperformer par hasard quand la moyenne des stratégies a peu contre performé.

Le data dredging sévit aussi en recherche médicale où certains chercheurs croient à des liens absurdes entre médicaments et réduction des symptômes, dupés par leur obsession à chercher des infos valables dans leurs résultats d’expérience.

Le hasard favorise très largement certains investissements.

Dans une seule séquence temporelle on se fait duper par le hasard.

Quand on compare deux entités, deux personnes, c’est encore pire : les deux sont totalement aléatoires.

En publicité, un témoignage bouleversant est plus convaincant qu’une preuve scientifique.

Problème du cas de référence : le hasard n’est réellement accessible qu’en théorie.

Le véritable hasard n’a pas l’air aléatoire.

Absence de découverte et découverte de l’absence de résultats ne sont PAS la même chose. Il peut être très important de savoir que rien ne s’est passé.

Les journaux scientifiques ne publient pas les papiers scientifiques qui découvrent l’absence de résultats, pourtant ces papiers sont importants.

En dehors des professions peu soumises au hasard, impossible de dire qui a eu de la chance ou non. Il faut rester sceptique.

Chapitre 10 : le raté rafle tout. De la non-linéarité de l’existence

La vie est injuste de façon non linéaire.

Non-linéarité : “C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.” : le dernier grain de sable ajouté fait s'effondrer le château de sable qu’on voulait le plus haut possible.

Théorie du chaos : fonction ou un léger ajout peut avoir des conséquences disproportionnées. Ex : le battement d’aile d’un papillon lointain entraîne un typhon à New-York.

Biais du survivant : l’artiste qui réussit n’est pas plus doué que les autres, il a simplement bénéficié d’un coup de pouce du hasard. Il devient célèbre auprès du public, car il est connu d’une autre partie du public. Il est propulsé au rang de star suivant un mouvement hélicoïdal : certaines personnes poussent dans le sens qui convient à d’autres. C’est un résultat à trajectoire conditionnelle. Forcer ce type de processus à retrouver une dynamique rationnelle est impossible voire superflu.

L’ère de l’information, en homogénéisant nos goûts, accroît les inégalités : ceux qui gagnent remportent presque toute la clientèle.

Externalité de réseaux : nous gagnons à utiliser les produits de Bill Gates, car les autres les utilisent.

Bill Gates a bénéficié du hasard : il n’est pas meilleur que ses concurrents de l’époque.

Brian Arthur : la chance associée à un feedback positif détermine la supériorité économique d’une entreprise, pas la supériorité technologique.

La simulation Monte Carlo permet d’obtenir des résultats là où les mathématiques échouent et ne sont d’aucune aide.

En évitant les équations, la simulation Monte Carlo nous évite de tomber dans le piège des mathématiques inférieures.

Dans un monde soumis au hasard, les mathématiques ne sont qu’un mode de réflexion et de méditation, guère plus.

Plus un réseau est dense, plus on a de probabilités de tomber dessus et plus il devient dense.

Inutile de chercher le seuil critique d’expansion d’un réseau, car c’est un schéma non linéaire qui n’est pas modélisable. Ex : les phénomènes de mode, les religions, les épidémies.

Mandelbrot : Il existe des types de hasard “incontrôlables” aux propriétés instables.

Notre cerveau n’est pas fait pour la non linéarité. Notre appareil cognitif préfère la causalité linéaire. La réalité nous offre rarement l’occasion de progresser de manière linéaire, ce qui peut-être démoralisant quand les résultats de nos efforts réguliers se produisent de manière irrégulière.

Les événements rares sont non linéaires donc durs à comprendre.

Les routes menant au succès non soumises au hasard demandent une grande force mentale.

Les actifs financiers à rendements faibles peuvent atteindre un seuil critique, s’enflammer et subitement rapporter gros.

La plupart des gens abandonnent avant de toucher leur récompense.

L’âne de Buridan : laisser faire le hasard ou une règle absurde face à un blocage entre deux choix.

La binarité du monde : soit on connaît un succès fulgurant et on attire tous les capitaux, soit on ne touche pas un centime. C’est la non linéarité ! L’ère de l’information accentue ce phénomène.

Corollaire : mieux vaut avoir quelques fidèles très enthousiastes plutôt que des centaines de gens qui apprécient votre travail.

Avoir trop de succès est une calamité. Avoir trop d’échecs est démoralisant.

Chapitre 11 : le hasard et notre cerveau : pourquoi nous sommes aveugles devant les probabilités

Taleb aime lire Tom Clancy, Ammianus Marcellinus.

Notre esprit n’est capable d’appréhender qu’une seule situation à la fois.

L'espérance mathématique d'une variable aléatoire réelle est la valeur que l'on s'attend à trouver, en moyenne, si l'on répète un grand nombre de fois la même expérience aléatoire. Elle est compliquée à comprendre pour le cerveau humain.

Un hamburger à 25% de matière grasse et un hamburger non gras à 75% sont identiques.

75% de taux de mortalité et 25% de taux de survie sont la même chose.

Les comportements prédéterminés et l’appareil émotionnel qui nous poussent à l’action ne connaissent pas la nuance. Ils ne sont pas conçus pour comprendre les choses.

Par instinct de survie, on tue quelqu’un complètement plutôt qu’à moitié.

Il est dans notre nature de nous méprendre sur nous-mêmes.

La pensée engendre des illusions.

Nous suivons des règles non pas parce qu’elles sont bonnes mais parce qu’elles sont utiles et nous permettent d’économiser du temps et de l’énergie.

Herbert Simon : nous ne sommes pas parfaitement rationnels. Notre cerveau fait des approximations. Sans faire de raccourcis, notre cerveau ne pourrait pas fonctionner.

Daniel Kahneman et Amos Tversky ont eu la plus grande influence sur la pensée économique des deux derniers siècles. Leurs travaux ont donné naissance à la finance et à l’économie comportementales.

Les sciences “positives” sont basées sur l’observation réelle des gens.

La physique est une science “positive” par nature.

L’économie “normative”, qui étudie les choses telles qu’elles “devraient” être, est comme la religion mais sans l’esthétique.

Herbert Simon : l’humain est imparfait. Kahneman et Tversky : l’humain est carrément inadapté !

Que les enjeux soient faibles ou conséquents, nos biais font que nous ne comprenons pas les probabilités.

Napoléon a créé le Code civil pour harmoniser les lois et éviter qu’elles entrent en conflit. Notre esprit est bien plus complexe qu’un système législatif et ses exigences d’efficacité bien plus grandes. L’absence de centralisation dans notre cerveau fait que nos décisions peuvent entrer en conflit avec certaines de ses règles. Notre cerveau ne peut pas retenir et utiliser en même temps tout ce qu’il sait.

L’heuristique est hermétique au raisonnement. Pour Daniel Kahneman, c'est une procédure qui aide à trouver des réponses adéquates, bien que souvent imparfaites, à des questions difficiles.

Le cerveau peut utiliser des règles qui fonctionnent sur une tâche locale mais le feront échouer sur une tâche globale.

Les heuristiques, qui, par définition, vont à l’encontre du simple raisonnement probabiliste, sont nombreuses.

Biais d’ancrage : Les gens ne réagissent pas en fonction de leur richesse totale cumulée mais en fonction des évolutions par rapport à un chiffre d’ancrage. Passer de 1 million d’euros à 1,1 millions d’euros rend heureux. Devenir millionnaire après la pauvreté rend heureux. Mais si on redescend en dessous du million, on est à nouveau malheureux.

L’état émotionnel d’un trader dépend de la fréquence à laquelle il vérifie son portefeuille. En effet, les pertes ont plus d’impact sur notre moral que les gains.

Utiliser une seule information pour prendre une décision est la pire erreur inférentielle possible.

Les statistiques inférentielles sont souvent définies comme un ensemble de méthodes permettant de généraliser, à l'échelle de la population, des conclusions tirées à partir des données d'un échantillon.

En dehors de leur sphère théorique, les mathématiciens ont tendance à faire beaucoup d’erreurs mathématiques.

Heuristique de probabilités : Plus il nous est facile d’imaginer un événement, plus il nous semble probable.

Heuristique de représentativité : Plus une chose est typique d'une catégorie, plus les individus la classent dans cette catégorie. Elle est aussi utilisée pour mesurer la probabilité qu’une personne appartienne à un groupe social en comparant ses traits caractéristiques à ceux du membre “typique” de ce groupe.

Heuristique de simulation : tendance des individus à considérer le dénouement d’une situation qu’ils jugent être le plus probable comme celui qui aura réellement lieu. L’heuristique de simulation est également utilisée dans le raisonnement dit contrefactuel, c’est-à-dire la simulation d’événements qui auraient pu avoir lieu mais qui ne se sont pas déroulés.

Heuristique d’affect : prendre des décisions et résoudre des problèmes rapidement et efficacement, en utilisant les émotions (la peur, le plaisir, la surprise, etc.) ; cependant, cela amène ces décisions à être affectées fréquemment de biais cognitifs.

Il existerait 2 façons de raisonner : les heuristiques et la rationalité.

L’esprit comprendrait deux pôles d’activité : système 1 et système 2.

Système 1 : automatique, associatif, rapide, opaque, inconscient, émotionnel, concret, spécifique, personnalisé.

Système 2 : demande un effort intellectuel, sériel, rationnel, transparent (on sait comment on arrive à une conclusion), contrôlé, déductif, lent, neutre, abstrait, asocial, dépersonnalisé.

En jouant aux échecs, on utilise le système 2.

En général, nous ne pensons pas, nous utilisons des heuristiques pour choisir.

Nous commettons de sérieuses erreurs probabilistes dans le monde moderne, qui n’est pas conçu pour nous.

Nous sommes identiques aux humains d’il y a plusieurs millénaires.

Nous existons en tant qu’espèce depuis plus de 100 000 ans et nous avons passé la majeure partie de cette période dans la savane africaine. Notre vie était simple : peu d’informations, peu de rencontres et donc notre champ de probabilités était limité. Calculer les risques de manière efficace fut donc pendant très longtemps inutile. Notre habitat a évolué très vite mais nos gènes n’ont pas du tout changé.

Notre esprit possède des adaptations spécifiques pour résoudre les problèmes précis et des adaptations générales pour résoudre les problèmes globaux.

En fonction du cadre dans lequel se présente un problème, nous utilisons différents modules de notre cerveau, de manière inconsciente, pour le résoudre.

António Damásio: “L’erreur de Descartes” : On ne peut pas prendre de décisions sans nos émotions.

En effet, les émotions nous évitent de traîner dans le processus décisionnel. Elles sont les “lubrifiants de la raison”.

Nous ressentons d’abord nos émotions et ensuite nous trouvons une explication.

L’essentiel de nos affirmations et opinions dans le domaine du risque dépendrait d’abord de nos émotions.

La société moderne est gouvernée par les probabilités.

Nous n’utilisons pas les probabilités pour juger les criminels, ce qui donne des jugements biaisés !

La probabilité d’événements conjoints est plus faible que celle de chacun de ces événements.

Les traders tirent profit des biais des autres.

D’un côté les avocats refusent la science, de l’autre les économistes la prennent trop au sérieux.

Les positions “longues en volatilité”, qui perdent un peu régulièrement mais sont profitables à long terme sont psychologiquement difficiles à tenir.

Même les traders, qui connaissent bien les probabilités, agissent parfois avec leurs émotions.

Pire, les gens surestiment leurs connaissances et sous-estiment leur probabilité de se tromper. Tels les universitaires qui enseignent la finance.

Le processus de sélection des journalistes favorise ceux qui communiquent le mieux, pas ceux qui vont au fond des choses.

Les journalistes confondent souvent l’absence de découverte et la découverte de l’absence de résultats.

Distribution du maximum de variables aléatoires : le maximum d’une moyenne est nécessairement moins volatile que le maximum moyen.

Les experts à la télévision sont choisis pour leur charisme et certainement pas pour leur discernement.

Espérance signifie moyenne.

L’espérance de vie à la naissance n’est pas la même chose que l’espérance de vie à un âge donné.

L’espérance de vie conditionnelle (probabilité de mourir à tel âge sachant que je suis parvenu en vie jusqu’à tel âge) est différente de l’espérance de vie non-conditionnelle.

Plus on avance en âge sans mourir, plus notre espérance de vie s’allonge en même temps que notre vie, car les autres, en mourant, prennent notre place dans les statistiques.

Même une personne âgée de 100 ans garde une espérance de vie positive.

Que les non-professionnels transmettent des informations à des professionnels est inquiétant.

Taleb utilise un terminal Bloomberg, comme beaucoup de traders, mais il ignore les commentaires journalistiques qui y sont publiés, car ce n’est que du bruit et des interprétations erronées.

Il est très difficile d’isoler une cause quand elles sont si nombreuses dans la réalité. C’est ce qu’on appelle l’analyse multivariée.

Le philosophe David Hume était obsédé par la causalité et ne pouvait accepter la moindre inférence (action de présenter une conclusion à partir d'un fait, d'une situation).

Le terminal Bloomberg de Taleb est organisé ainsi : 

Affichage des prix et variations en pourcentages de tout ce qui a de la valeur dans le monde : monnaies, actions, taux d’intérêts, matières premières.

Taleb ne regarde que les variations importantes des pourcentages. Tant que les chiffres, à la mesure des titres, n’excèdent pas leurs variations quotidiennes, il ne s’agit que de bruit.

L’interprétation de ces pourcentages n’est pas linéaire : une variation de 2% est 4 à 10 fois plus importante qu'une variation de 1%. Une variation de 7% peut être plusieurs milliards de fois plus significative qu’une variation de 1% !

Nous ne comprenons pas d’instinct l’aspect non linéaire des probabilités.

Notre cerveau ne fait pas la différence entre un changement de prix significatif et un simple bruit.

L’important n’est pas la prévision ou l’estimation de la hausse ou de la baisse d’une variable mais le degré de confiance dans cette opinion.

Taleb se considère aussi dupe du hasard que tout le monde mais il en est conscient et s’en protège, contrairement à la plupart des gens.

Troisième partie : De la cire dans les oreilles. Vivre avec la maladie du hasard

Ne pas chercher à ressembler à Ulysse, car c’est un personnage mythologique.

Taleb sait qu’il n’est ni assez intelligent ni assez fort pour lutter contre ses émotions.

Il sait qu’il est prédisposé à se laisser duper par le hasard et qu’il est dominé par ses émotions. Il se différencie des autres, car il a conscience de tout cela.

Son cerveau fait la différence entre bruit et signal, pas son cœur.

Nous sommes faits pour répondre à l’hostilité par l’hostilité.

Taleb ignore les professeurs de finance, d’économie et les journalistes pour ne pas perdre son sang froid face à leurs inepties.

L’information conditionnelle : à moins que la source soit hautement qualifiée, l’information exprimée en dit plus long sur son auteur que sur son sujet.

La conditionnalité de l’information est une notion centrale en épistémologie, en probabilités et dans l’étude de la conscience.

Un compliment est toujours agréable, quel qu’en soit l’auteur, ce que savent bien les manipulateurs. Idem des commentaires sur nos actions, nos créations, car le système émotionnel ne sait pas gérer l’information conditionnelle.

Taleb affirme que son plus grand exploit est de s’être soustrait à l’emprise des médias.

L’écrivain Graham Greene a toujours refusé de passer à la télévision pour ne pas avoir affaire aux clowns qui y travaillent.

Nous appréhendons l’incertitude de façon humaine.

Taleb a mis au point des astuces pour se protéger de ses émotions face au bruit.

Chapitre 12 : la superstition du joueur et les pigeons dans la boîte

Taleb tire avantage du manque de rigueur des autres.

Les parieurs sont émoustillés par leur confrontation avec le hasard, qu’ils gagnent ou qu’ils perdent de l’argent.

Nous ne sommes pas faits pour concevoir les événements comme indépendants les uns des autres. Notre biais de superstition nous pousse à établir un lien de causalité entre deux événements, même s’ils sont complètement indépendants.

Il est plus ardu d’agir en se sachant ignorant qu’en se croyant très savant.

Il est émotionnellement plus difficile de rejeter une hypothèse que de l’accepter.

Avec ou sans Popper, nous prenons les choses trop au sérieux.

Notre cerveau et notre instinct n’agissent pas de concert.

Ignorer le bruit, prendre le signal au sérieux.

Inutile de chercher à domestiquer nos émotions, simplement faire très attention à ne pas prendre de décisions irrationnelles en trading.

Nous savons tous ce que nous avons à faire, c’est passer à l’acte qui est difficile.

Nous pouvons être rationnel dans notre perception des probabilités et des résultats et pourtant nous laisser duper.

Les personnels des services de cancérologie fument sachant pourtant qu’ils risquent un cancer du poumon et soignent des fumeurs condamnés tous les jours.

Chapitre 13 : Carnéades à Rome : des probabilités et du scepticisme

Les probabilités ne concernent pas le calcul d’un résultat précis mais la croyance à l’existence d’un résultat, d’une cause ou d’un motif alternatif.

Les mathématiques sont un outil qui permet de réfléchir, pas de calculer.

Les anciens considéraient les probabilités comme une façon subjective et fluide de mesurer les croyances, rien de plus.

Carnéades s’opposa toute sa vie aux dogmes arrogants et à la croyance en une seule vérité.

Popper a réussi à élever le scepticisme au rang de méthodologie universelle.

Selon les sceptiques, rien ne doit être accepté avec certitude, on tire des conclusions ayant différents degrés de probabilités indiquant la voie à suivre.

Contingences : événements distincts et séparables ayant chacun un taux de probabilité.

Les Romains n’avaient pas de religion en soi, ils étaient trop tolérants pour accepter une vérité unique. Ils croyaient à un ensemble de superstitions souples et syncrétiques.

Le monothéisme a conduit à croire à une unicité de la vérité.

Il a fallu attendre douze siècles pour que le monde occidental accepte de nouveau la pensée critique.

Au moyen-âge, les arabes utilisaient la pensée critique, les chrétiens étaient dogmatiques.

À la Renaissance, mystérieusement, les rôles s’inversèrent.

Cicéron préférait se laisser guider par les probabilités plutôt que d’affirmer quelque chose avec certitude.

Quand on agit ainsi, les esprits moyens vous reprochent vos contradictions et vos changements d’opinions.

En France, en mai 1968, s’est exprimé le désir de ne pas être lié à ses affirmations passées. Exhortation : “Nous exigeons le droit de nous contredire”.

Dans l’époque moderne, se contredire est devenu honteux, ce qui peut avoir des conséquences désastreuses en sciences.

Le trader Nigel Babbage, un des meilleurs selon Taleb, possédait une qualité remarquable : il était totalement détaché de ses opinions passées. C’est ce qui fait un bon trader.

Georges Soros agit de la même manière, chaque journée est vierge, les décisions du jour sont détachées des précédentes.

Dépendance au sentier : la première idée qu’on a domine sur les suivantes sans autre raison que son avantage temporel.

Être marié à ses positions : investissement purement émotionnel, non rationnel.

Qui change de parti politique est considéré comme un traître ; de religion, comme un apostat.

On peut mesurer les risques et les chances d’un jeu, car les règles sont claires et définies. Pas dans la réalité. Mère nature ne nous a pas donné de directives claires. Il ne s’agit pas d’un jeu de cartes.

Taleb fait la guerre aux charlatans déguisés en éminents économistes financiers.

Le Nobel d’économie est un faux Nobel.

Le comité Nobel se compose-t-il de juges infaillibles ?

Popper nous enseigne qu’il ne faut pas prendre la science et les institutions scientifiques trop au sérieux.

Nous nous sommes trompés par le passé et nous méprisons nos anciennes institutions. Il serait donc bon de ne pas sacraliser leurs équivalents modernes.

Avoir du courage, c’est accepter de contredire les idées qu’on a développées au cours de sa carrière.

Au lieu d’essayer de gagner de l’argent avec ce qu’ils ont appris d’un échec, certains gaspillent leur énergie à essayer de se défendre.

Taleb passe son temps à convaincre ses employés qu’ils sont avec lui une bande de nigauds qui ne savent rien et condamnés à l’erreur, avec pour rare privilège celui de le savoir.

Certaines personnes mettent leur échec sur le compte de “l’événement rare”, affirmant qu’ils avaient raison et qu’ils auraient joué de malchance.

Une heuristique humaine nous pousse à nous abuser afin de préserver notre estime de nous-mêmes.

Biais d’attribution : on se juge meilleur que les autres dans beaucoup de domaines et que ce qu’on vaut réellement. Il y a un gouffre entre nos résultats et ce qu’on vaut réellement. On attribue notre réussite à nos qualités personnelles et nos échecs au hasard.

La science est grande mais les scientifiques en tant que personnes sont dangereux. Humains, ils sont victimes des biais humains.

La science évolue d’un enterrement à l’autre, les nouveaux scientifiques tirant les leçons des erreurs des précédents.

Chapitre 14 : Bacchus abandonne Antoine

Le stoïcisme n’est pas l’indifférence mais l’illusion de la victoire sur le hasard.

Face au hasard, les stoïciens recommandent de faire le nécessaire pour contrôler sa destinée. Il existe toujours une solution devant l’incertitude.

Les héros épiques étaient jugés à l’aune de leurs actions, pas de leurs résultats.

Le hasard a toujours le dernier mot.

Constantin Cavafy était un grand poète pour de nombreux amateurs de poésie.

Les émotions sont naturelles, ce qui est mal c’est de manquer d’héroïsme, de dignité.

Le stoïcisme c’est la tentative de l’être de se mettre à égalité face aux probabilités.

Le stoïcien allie sagesse et courage à des relations honnêtes avec les autres.

Taleb offre à ses amis Lettres à Lucilius de Sénèque.

Les conseils, avis, sermons, même sous forme de livres, sont inefficaces.

Le stoïcisme fait appel à la dignité et à l’esthétique. Il faut faire preuve d’élégance dans les revers de fortune, montrer du savoir-vivre en toutes circonstances.

La seule chose que le hasard ne contrôle pas : notre façon de réagir face aux événements.

Epilogue : Solon vous avait prévenu

Ne pas appliquer la conscience aiguë des probabilités dont on fait preuve dans son domaine professionnel peut s’avérer fatal lors des risques qu’on encourt à l’extérieur.

Exemple : le bon trader qui fait le choix de piloter un hélicoptère au lieu de prendre le train pour ses trajets réguliers et meurt en s’écrasant.

Postface

Trois réflexions en prenant ma douche

Le problème de la rémunération à l’envers : 

Plus on grimpe dans la hiérarchie d’une entreprise, plus on est rémunéré, mais moins notre contribution est mesurable, car la part du hasard augmente dans nos prises de décisions.

La répétition révèle les aptitudes, si elles existent, à long terme. Ergodicité !

En bas de l’échelle on est jugé selon nos procédés et nos résultats. Le directoire n’est jugé qu’en fonction de ses résultats. Du moment qu’il génère un profit, on se fiche de sa méthode, même si elle est très risquée.

Les PDG sont des “costumes vides”, contrairement aux entrepreneurs, ils ne prennent pas de risques. Ils savent s’auto-promouvoir mais pas prendre des décisions optimales.

Nous jugeons comme héroïques ceux qui prennent des décisions déraisonnables mais qui ont eu la chance de gagner.

L’économie est une discipline narrative qui trouve toujours des décisions adéquates a posteriori.

La contribution des cadres est très difficile à mesurer, les actionnaires se font donc duper par le hasard.

Des bienfaits du hasard : 

Ceux qui s’imposent des règles strictes pour profiter au maximum des choses souffrent de stress.

Le hasard peut nous empêcher d’optimiser les choses et d’être efficaces à l’excès, en particulier dans les mauvais domaines.

Les personnes prédisposées au bonheur ne sont ni avares ni insatiables.

Ceux qui optimisent trop sont toujours insatisfaits.

Taleb est convaincu que nous ne sommes pas faits pour les emplois du temps stricts. Il n’utilise pas de réveil et suit son horloge interne.

On peut choisir d’avoir des moyens modestes et être libre ou être riche et esclave d’un agenda chargé.

Nos ancêtres n’avaient ni plan, ni emploi du temps, ni délais administratifs.

Il est plus agréable de ne pas savoir combien de temps dure un film.

Être imprévisible nous protège de nos ennemis.

Troisième réflexion : à cloche-pied

Idée source de Taleb : 

Nous préférons ce qui est visible, enraciné, personnel, tangible, et en forme de récit. Nous méprisons l’abstraction. Tout ce qui est bon (l’esthétique, l’éthique) et mauvais (se laisser duper par le hasard) semble découler de cette source.

Petite escale à la bibliothèque : notes et suggestions de lecture

Le supposé “esprit cartésien” correspond à une personne en quête de certitudes. Mais l’idée originelle de Descartes est qu’il existe très peu de certitudes.

Affirmation du conséquent : Si p, alors q. Or q. Donc p. C’est un sophisme logique.

L’esprit millionnaire : les riches sont des preneurs de risques. Mais prendre des risques ne mène pas nécessairement à la richesse.

Les journalistes tentent de justifier leur simplification des choses en déclarant avoir “l’esprit pratique”.

Les mathématiques sont affaires de certitudes, les probabilités concernent l’incertitude.

Pour le mathématicien David Mumford, la théorie de la probabilité et l’inférence statistique affecteront la quasi-totalité des mathématiques au 21ème siècle.

Certaines personnes renoncent à des profits afin de priver les autres d’une plus grosse part.

Pire, certaines personnes seraient même prêtes à payer pour réduire le revenu des autres.

António Damásio : les manières et les traits physiques d’une personne déclenchent son respect par les autres, pas son talent, ni ses connaissances.

Goleman : nous avons conscience de notre irrationalité, mais cela ne semble pas nous aider.

Univers multiples : voir Deutsch (1997) et son site web.

Les traits génétiques ont besoin d’un contexte culturel pour s’activer. Les singes n’ont peur des reptiles qu’une fois qu’ils ont vu un autre singe en avoir peur.

Les gens ne tirent aucune leçon de leurs réactions passées à des événements bons ou mauvais.

Le stress empêche le cerveau d’acquérir de nouvelles informations et réduit la plasticité du cerveau.

edge.org : discussions scientifiques.

Les langues et les probabilités sont très étroitement liées. Cover & Thomas (1991) : discussion sur l’entropie de la langue anglaise.

L’entropie entretient des rapports avec l’esthétique et la thermodynamique.

L’effet caserne et la convergence des opinions : les gens ont tendance à choisir la même chose que les autres, créant ainsi un feedback en boucle positif, résultant du mimétisme, du conformisme.

Miller (2000) : “L’évolution n’a pas de discernement, pas de vision à long terme : chaque espèce doit rester biologiquement adaptée à chaque génération, sinon elle s’éteint. Elle rencontre des problèmes de flux de trésorerie (cash flow) qui lui interdisent tout investissement spéculatif sur l’avenir. Plus précisément, chaque gène qui sous-tend une innovation potentielle doit rapporter plus gros sur le plan évolutionniste que les autres gènes en compétition, sous peine que l’innovation en question ne disparaisse avant de s’être développée plus avant. Ainsi est-il difficile d’expliquer les innovations.”

Dupé par l’asymétrie négative : Tversky et Kahneman (1971) : “Nous soutenons que les gens considèrent un échantillon tiré au hasard parmi une population comme étant très représentatif.” Conséquence : une trop grande assurance dans la possibilité de tirer des propriétés générales des faits observés. Pire encore : on invente des explications causales à ces généralisations excessives. Bref, avec des ensembles asymétriques, les propriétés sont camouflées, mais nous croyons pourtant les voir. Taleb (2004)

L’énigme de l’induction selon Goodman : le fait que le marché ne cesse de grimper montre qu’il s’effondrera peut-être demain, et non qu’il grimpera forcément demain puisqu’il a grimpé tous les jours. C’est un marché “en hausse s’effondrant”.

Non-linéarité fondamentale de la vie quotidienne : “Rien ne vient, puis tout déboule” (père de Nassim Taleb).

Ne prenez pas au sérieux le mot “corrélation” et ceux qui l’utilisent. À part dans des cas très précis où la linéarité se justifie.

L’économie a renoncé à ses prétentions scientifiques en décrivant la façon dont devraient se comporter les gens, plutôt qu’en décrivant la façon dont ils se comportent.

Cause immédiates / finales : invoquer les causes finales permet de comprendre la rationalité de nombreux comportements irrationnels du point de vue immédiat. Cela explique l’altruisme : prendre des risques pour sauver l’autre nous a aidé à arriver au stade où nous sommes aujourd’hui.

Naissance de la neurobiologie de la rationalité : l’irrationnel se produit quand l’utilité de la décision dépasse celle de la prédiction.

Kreps et Davies (1993) : l’écologie en tant qu’optimisation.

Modularité : Nous sommes habitués à travailler en groupe et prompts à identifier les profiteurs.

La propriété la plus importante de la modularité est sa spécificité au domaine.

Le cerveau émotionnel : baisse de la capacité à éviter les risques si la partie du cerveau nous reliant aux émotions est endommagée. Les émotions semblent jouer un rôle critique dans les 2 sens. Voir chapitre 11.

Sensibilité à la perte : les pertes comptent plus que les gains mais on y devient rapidement insensible. Mieux vaut perdre une fois 10,000 dollars que 10 fois 1,000 dollars. Les gains comptent moins que les pertes, et les gains importants encore moins : mieux vaut gagner dix fois 1,000 dollars qu’une seule fois 10,000 dollars.

Le tapis roulant du bien-être : voir la théorie des perspectives. Suivre le cours de sa fortune de trop près décourage et anéantit l’effet de tous les succès passés.

Gigerenzer : Simple Heuristics That Make Us Smart.

Opacité : le système 1 du cerveau est opaque, car il échappe à la conscience.

Neurobiologie du contact visuel : les cellules de l’amygdale réagissent aux expressions faciales, aux émotions et à la direction du regard d’autrui : regard dans les yeux ou regard détourné.

L’illusion de la connaissance : tendance à tirer des conclusions plus catégoriques que ne le permettent les données.

Paradigme conventionnel des probabilités : dans le Hasard Sauvage, le problème des probabilités est essentiellement une question de connaissances, pas de calcul.

Trouver les vraies questions est plus important qu’avoir une modélisation sophistiquée douteuse.

Les gens s’imaginent pouvoir comprendre les risques en utilisant des “mathématiques compliquées” et en émettant des prévisions au sujet des événements rares.

Penseur et philosophes des probabilités : 

Keynes a écrit le livre le plus important sur le sujet.

Le scepticisme est primordial en gestion du risque.

Stoïcisme : prolongements modernes chez Becker (1998), Banateanu (2001).

Apparence et succès : ne laissez jamais votre jugement être influencé par les qualités des personnes : les gens charmants peuvent être des monstres et les gens repoussants avoir un grand coeur.

Maximiser : “Moins, c’est plus.” Schwartz (2003)

Remerciements pour la 1ère édition

Stan Jonas : expert du hasard.

On naît probabiliste, on ne le devient pas. (Don Geman)

Beaucoup de mathématiciens peuvent analyser les probabilités mais ne les comprennent pas.

Jonathan Waxman : poppérien, lucide, trader.

Myles Thompson : ne pas écrire pour un public cible ou un éditeur, un livre trouvera son propre lectorat.

L’Odéon, restaurant de Tribeca, à New-York.

Remerciements pour la 2nde édition

Les échanges en personne et la correspondance avec des gens intelligents permettent de former sa propre pensée mieux que de passer sa vie dans les bibliothèques.

Exubérance irrationnelle - Robert Shiller

Dynamique non linéaire : les livres réussissent mieux lors d’une réédition. Les modes réussissent mieux lorsqu’elles reviennent.

Daniel Kahneman : étude du choix dans un environnement incertain et théorie de l’utilité. Avec Tversky, leur travail a bouleversé le rationalisme dogmatique hellénistique.

Intelligence artificielle : Peter McBurney.

Les universités et les gouvernements sont des monopoles de la pensée.

Mark Spitznagel

Annexe 1 : conversation avec Rolf Dobelli

Il y a plus de vérités dans un roman de Proust que dans le New-York Times.

Les journaux connaissent les faits avérés mais leur interprétation est imaginaire. Et le choix des faits présentés est arbitraire. Ils mentent avec des faits avérés.

Ce livre est une attaque contre notre tendance à créer des explications pour nous donner l’illusion de comprendre le monde.

Les histoires restent en mémoire bien plus que les faits et l’abstraction.

L’évolution ne favorise pas la vérité mais nous aide à nous sortir des mauvaises passes.

La fiction est au-dessus des idées.

Le sacré, mystérieux, inexplicable, implicite, esthétique, moral, éthique se distingue de l’empirique, fonctionnel, explicable, logique, avéré, prouvé.

La littérature appartient au sacré (fiction ou non-fiction, peu importe).

Nassim Taleb mélange l’esthétique au fonctionnel quand il écrit.

Les critiques et les chroniqueurs sont des philistins qu’il est bon de frustrer.

Les gens préfèrent le charlatanisme des conseils pratiques aux mises en garde abstraites.

La prose artistique est idiosyncratique.

Les articles semblent tous écrits par la même personne.

Les écrivains écrivent sur l’écriture mais les peintres ne peignent pas sur la peinture et les compositeurs ne composent pas sur la musique.

Nous avons davantage besoin de la fiction que de la vérité pour vivre.

Nous n’agissons pas en fonction de ce qui est vrai ou faux, mais en fonction des conséquences.

Nassim Taleb n’investit pas dans les actions, car la probabilité très faible d’un krach existe.

Plus une chose est visible, plus grande est la perception du risque.

Règle de Wittgenstein : l’agression révèle davantage la nature de l’adversaire que ce qu’elle cible.

Les mots contribuent au mieux à mettre la cible sur un piédestal : la mauvaise publicité n’existe pas.

Les attaques personnelles sont temporaires, les livres vivent bien plus longtemps.

Rares sont les auteurs qui ont le privilège d’être attaqués.

Popper : il n’y a pas de discipline (au sens de domaine de recherche), mais que des problèmes.

Pour “comprendre” la religion, il faut aussi “comprendre” l’art. Chose qui pose problème aux savants idiots qui ne savent pas prendre les choses au second degré.

“Amen” signifie “J’ai confiance”.

L’art et la religion nécessitent une erreur cognitive sans laquelle nous ne pourrions les apprécier.

Karen Armstrong : Histoire de Dieu, The Great Transformation.

On n’augmente pas le bonheur en augmentant l’efficacité cognitive et la rationalité. Il faut une sagesse face aux grandes choses de la vie et une attitude d’enfant face aux petites erreurs.

Commettre de petites erreurs cognitives au quotidien, pas des grandes. “Homo sum”: Je suis un homme.

Annexe 2 : essai d'épistémologie

Iatrogène : effet indésirable provoqué par la prise d’un médicament ou un acte médical.

Comment éviter l’échec entrepreneurial est le conseil le plus sérieux à recevoir.

Les charlatans donnent des conseils sur comment devenir riche.

Le champ d’action de Nassim Taleb consiste à éviter les erreurs.

Mieux vaut ne pas avoir de modèle plutôt que de suivre des acrobaties mathématiques menant à la ruine.

Les scientifiques ne sont pas respectés quand ils déboulonnent les mythes et montrent les limites de la connaissance.

La iatrogénie est la conséquence d’une science devenue trop arrogante, de médecins qui veulent guérir le patient à tout prix, refusant la possibilité de “ne rien faire”.

La connaissance ne mène à rien si on ne sait pas où elle s’arrête.

Rares sont les circonstances où les probabilités peuvent aider à prendre une décision.

Le rapprochement entre la probabilité du bénéfice et le degré de son attrait compte.

Extrêmistan : environnement à queue épaisse où les événements rares sont moins fréquents mais très puissants.

La réalité n’est pas un casino aux paris simples.

Crise des subprimes : les banquiers se sont trompés dans les probabilités et n’ont pas réalisé à quel point les conséquences seraient profondes.

Les anciens appliquaient l’empirisme sceptique à la Pyrrhon d’Élis.

Un animal résulte d’un processus aléatoire au cours duquel (grossièrement) les mutations les plus efficaces ont perduré.

Les découvertes (sciences, technologies, médicaments) sont pour beaucoup tributaires du hasard, un hasard encore moins traçable et simple que celui de l’évolution biologique.

La nature a une stochastique plus douce que l’environnement où émergent les découvertes humaines, soumis à des processus bien plus sévères et sauvages dits à “queue épaisse”.

L’asymétrie des résultats dans les différents domaines de recherche favorise le positif par rapport au négatif, comme l’évolution. Ces domaines se nourrissent du hasard.

Dans ces environnements, plus le degré d’incertitude est élevé, plus brillant apparaît l’avenir, car nous sélectionnons ce qui fonctionne et rejetons le reste. Ces découvertes sont des Cygnes Noirs : imprévisibles.

Nassim Taleb est optimiste, car le nombre d’expériences croît, l’incertitude croît et l’impossibilité de prévoir croît.

Le système éducatif américain favorise les entrepreneurs et les créateurs qui courent après leurs rêves, chassent les Cygnes Noirs, sont pragmatiques, prennent des risques et attirent des étrangers très débrouillards.

La globalisation a permis aux USA de se spécialiser dans la créativité : concepts, idées risquées, c’est-à-dire la partie scalable à queue épaisse de la production.

La liberté d’entreprise à l’américaine permet de capter de façon agressive les hasards de l’environnement.

Une bonne partie des découvertes médicales provient du hasard, du fait qu’on cherchait autre chose. L’important taux d’échec devrait nous convaincre du manque d’efficacité qu’il y a à se fixer des objectifs.

Même si le taux de réussite est très faible, en multipliant les recherches, on augmente les chances de trouver par accident.

Hasard fractal : les petits paris rapportent plus que la quantité investie.

La science institutionnelle, conduite par les certitudes causales, n’accepte pas facilement l’idée du bricolage stochastique.

Le progrès technologique est le fruit d’un processus stochastique non dirigé et non prévisible. Ce que la médecine hellénistique du 2ème siècle au Proche-Orient savait : les médecins empiriques Ménodote de Nicomédie et Sextus Empiricus (héro des héros de Nassim Taleb). Ils prônaient une médecine stochastique, sans théorie ni opinion, fondée sur l’expérience.

Cette idée s’applique à de nombreux domaines technologiques.

Il est impossible de prévoir dans quel secteur les bonnes nouvelles vont venir, mais c’est dans les champs où il y a le plus d’expérimentations.

Plus il y a de bricoleurs, plus les Cygnes Noirs sont nombreux.

Nassim Taleb est un sceptique empirique.

Les dupes du hasard athéistes étaient leur non croyance avec des arguments parfaitement rationnels. Ils opposent méthode scientifique à superstition et foi aveugle.

Les marchés sont bien plus risqués et aléatoires que ne le laissent penser les grands prêtres de la finance.

Les gouvernements ne peuvent pas prévoir les variables économiques, le prix du pétrole, la croissance du PIB ou l’inflation.

Le Scandale de la Prédiction est bien plus sérieux que celui de la religion, car ces prédictions servent à définir des politiques à long terme. C’est l’opium des classes moyennes.

Il est impossible de mesurer la chance dans le succès des dirigeants des grandes entreprises.

Les dupes du hasard rejettent la religion mais croient aux “sciences économiques”, car il y a le mot “science”.

Les médias déforment notre carte mentale du monde : le cancer est bien plus dangereux que le terrorisme. Il y a donc une énorme différence entre risque réel et perception du danger.

Les dangers de la religion organisée ont été remplacés par l’idéologie des sciences sociales.

La religion apporte du réconfort aux gens. Notre esprit s’élève dans une cathédrale, ne serait-ce que pour des raisons esthétiques, pas à la bourse.

FIN